mercredi 23 février 2011

Pas si simple

Pas du tout.
En à peine une heure hier, j'ai déjà bien cru que ma belle sérénité allait voler en éclat.
Parce qu'en à peine une heure, il avait déjà :
- pesté parce qu'à l'aéroport, Tinamour voulait jouer dans le petit hélicoptère alors qu'il avait déjà payé le parking et qu'on n'avait que 5 mn pour valider le ticket en sortie,
- jeté un oeil aux rayures (presqu'invisibles) de la voiture, juste pour constater que ça le stressait toujours autant,
- parlé de mon chat (qu'il déteste et qu'il voudrait bien voir disparaître de la surfance de la terre)
- trouvé plein de choses à dire sur ma façon de conduire (j'avoue que je fais souvent plusieurs choses en même temps, genre, quand mon fils hurle que son doudou est tombé et que son père ne trouve pas utile d'entendre ça, je le lui tends pour épargner une crise de nerfs de son père...)
- exhibé fièrement devant son fils (qui ADORE les chips) un paquet de chips norvégiennes en lui expliquant deux secondes après que non, il ne pouvait pas en manger (ou comment provoquer une crise de nerfs chez un enfant de 2 ans en une seule leçon...)
- trouvé que son fils faisait trop de bruit
- montré plusieurs fois son estomac pour dire que son fils le stresse et lui donne des aigreurs d'estomac,
- dit plusieurs fois qu'il fallait qu'il reprenne ses anti acides maintenant qu'il était rentré à la maison,
- et le reste je ne sais plus.


En fait, je crois que j'avais juste oublié en quelques jours à quel point il est négatif et stressant.
J'ai gardé malgré tout mon calme, en me rappelant toutes mes bonnes résolutions.

En fait, c'était une surprise qu'on lui faisait d'aller le chercher à l'aéroport.
C'était la copine du copain de voyage de mon homme qui devait aller les chercher.
Sauf qu'elle n'était pas là.
Ils sont arrivés à 16h50.
Elle a fini par se libérer de son boulot un peu avant 19h.
Heureusement que j'étais là.
Mais il n'y a que moi pour m'être fait cette réflexion.

Mais comme c'était mon choix et ma décision d'être là, je me suis abstenue de tout commentaire et me suis même reproché d'y avoir pensé.

Bref, tout ce petit monde a mangé à la maison quand la copine retardataire nous a rejoint.
Quand ils sont partis, on a encore papoté un peu, et puis il a regardé ses mails, alors je suis allée me coucher, et me suis endormie avant qu'il ne me rejoigne au lit.

Et ce matin......
Ce matin, j'ai compris une chose supplémentaire.
De taille.
Ce n'est pas moi le souci.
J'ai cru longtemps (jusqu'à ce matin en fait) que ma fatigue et mon manque de temps me stressaient et me rendaient vulnérable, susceptible et parfois même agressive (dans certaines limites, puisque j'ai toujours une telle peur de l'image de ma mère que je me limite toute seule très très - trop - vite...).

Je me trompais complètement.
Enfin peut-être que ça a joué dans certaines circonstances, peut-être que ça a altéré ma capacité à tout endurer sans broncher.
Mais clairement, le problème n'est pas là.
Pas du tout.
C'est mon homme qui a un souci.
Juste pas un petit.
Ce matin, il a dû sortir de la salle de bain quand j'ai changé mon fils tellement il stressait.
Il ne supporte rien. Un enfant, ça a envie de jouer. C'est légitime.
Légitime aussi qu'il n'ait pas envie d'arrêter spontanément de jouer juste parce que son papa lui dit que c'est l'heure de s'habiller pour aller à la crèche.
Je ne dis pas qu'il faut le laisser jouer.
Juste qu'il ne faut pas devenir fou s'il râle ce petit.
Mais voilà, mon homme est devenu fou.
Alors il est sorti pour ne pas exploser.

Et puis les incapables qui font les travaux dans notre salle de bain sont arrivés.
Ce qui lui a rappelé à quel point ça le stressait aussi cette histoire.
Alors le petit déjeuner d'anniversaire de mon fils a été gâché par son père qui ne pouvait s'empêcher de ressasser son énervement contre ces bons à rien.
Là aussi je suis restée calme. J'ai allumé les bougies de mon fils, joué avec lui à les souffler, les enlever, les remettre, les rallumer, etc.
Mais je commençais à me sentir envahie d'une immense vague de peine.
Et puis à la fin de notre petit déjeuner, c'est moi qui suis allée voir les ouvriers pour faire le point sur tout ce qui n'allait toujours pas.
Avec mon fils dans les bras.
Qu'est-ce que je disais hier ? Ah oui, que ça ne me dérangeait de m'occuper de tout toute seule.
Je confirme.
Mais alors si je m'occupe de tout toute seule, pourquoi est-ce que c'est mon homme qui peste une fois que j'ai fini de tout régler ?

J'ai fait un magnifique gateau rigolo à mon fils hier.
Le mercredi, on covoiture. Normalement, c'est LE jour où mon homme se charge de déposer son fils à la crèche après m'avoir larguée devant mon bureau.
Mais je me suis abstenue de le lui demander, vu qu'on était déjà en retard, qu'il y avait le gateau à déposer en plus, que sa patience était déjà largement entamée, etc.
Donc c'est moi qui conduisais.
Il fallait alors que lui s'occupe de tenir le gateau.
Mais il voulait le mettre dans le coffre.
Comme ça, sur le plateau.
J'ai dit que je ne voulais pas, que je voulais qu'il le prenne sur ses genoux, il n'était pas content.
Il a posé le gateau sur le toit de la voiture le temps de faire autre chose, et m'a dit, sarcastique "tu le tiens, il pourrait glisser".
Je n'ai pas compris tout de suite, j'ai donc répondu innocemment que non, il m'avait l'air d'être posé bien droit, et il m'a lancé, plein d'ironie "oh ben tu sais, il a déjà failli glisser du coffre, alors on ne sait jamais".
Je n'ai rien dit, je ne savais même pas quoi répondre.

Une fois installés, je lui ai demandé si ça allait (gentiment, encore...), il m'a répondu (sans ironie cette fois) que c'était à moi qu'il fallait le demander.
J'ai répondu, gentiment, toujours, que je me rendais compte que moi j'allais bien, que c'était lui qui n'allait pas très bien.
Il a répondu qu'il était d'accord.
Et puis on est passé à autre chose, comme si de rien n'était.

Et quand je l'ai déposé, il a "oublié" de me dire au revoir et de dire au revoir à son fils.

J'ai fait la maman modèle jusqu'à la crèche.
Mais j'avais les larmes coincées dans la gorge.

Soyons positifs, je ne ressens plus de colère.
Et j'ai ciblé le problème.

Reste à savoir quoi faire.
Je vais discuter avec lui. Je suis sûre qu'il a réellement compris qu'il avait un souci de stress.
Il n'était pas comme ça avant.
S'il ne supporte pas que notre enfant soit un enfant, on est mal barrés.
Je n'ai même pas osé lui dire que j'avais mes règles.
Parce qu'il va être déçu, mais que je vais avoir envie de lui dire que je réfléchis de plus en plus à laisser tomber mon traitement.

Parce que je ne sais pas si on survivrait à un deuxième petit miracle.
Parce qu'il n'y a peut-être que moi qui sache à quel point ce petit garçon est un miracle de notre vie.
Mais suis-je capable de renoncer ?

Ok, je ne suis pas sortie de l'auberge. Vraiment pas.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis triste de lire ça. Mais je crois que tu as cerné le problème, ton homme fait une déprime et il aurait bien besoin d'être aidé.

Lenaig

Maylika a dit…

Oh! :-((

Câlin!

Anonyme a dit…

Oh ma belle... je voulais réagir à ton dernier billet, te dire qu'on s'en fout de ce que le monde pense, que ce qui est important c'est ce qui marche pour le couple, et que plein de couples fonctionnent avec des petits arrangements qui ne sont sûrement pas "politiquement corrects", mais si ça fonctionne, pourquoi pas... mais ça doit être des arrangements qui conviennent aux deux membres du couple, et ça, ça ne semble pas être le cas en ce moment chez vous.
Peut-être que, paradoxalement, ton chéri se sent négligé? En tous cas c'est un risque que je vois chez nous: tous les jours je m'extasie devant le miracle d'avoir un enfant, je l'aime tellement, je suis comblée par sa présence... et le papa a tendance à passer en second plan!
Je t'embrasse bien fort, ma belle, et t'envoie plein d'ondes de courage!
Speranza

Caro D a dit…

@ Lenaig : moui, c'est ça. Il en aurait besoin, encore faudrait-il qu'il l'accepte...

@ Mali : merci, et câlin en retour :-)
A deux, c'est toujours mieux :-)))

@ Speranza : je ne pense pas qu'il se sente négliglé. Je m'occupe de lui comme avant d'avoir un enfant. Je le laisse faire ce qu'il veut, je me blottis contre lui quand il veut regarder un film ou jouer à la PSP, je vais le réveiller le matin en me glissant sous la couette, je lui prépare son petit dej, je l'écoute me raconter ses journées, enfin bref, je lui donne beaucoup de temps...
M'enfin bref, sa perception est peut-être différente, je vais donc lui poser la question !
Merci :-)

cryzal a dit…

on dirait vraiment que ton homme fait une dépression ??? où bien il sse rend compte qu 'il ne veut pas de ette vie là et inconsment t'en fais payer le prix..si jamais il ne veut pas discuter , ne veut rien comprendre, pense que cela vient juste de toi ..................bien prend bien soin de toi et de ton fils car malheureusement on ne peut pas aider les autres même son conjoint s'il ne le veut pas et t'inposer une limite à ce que tu peux endurer par amour pour toi et ton fils xxxxxxxxxxx

cryzal a dit…

vraiment désolé pour les fautes pppfff je fais deux choses en même temps mais ton billet me touchait tellement désolé

Anonyme a dit…

C'est très triste effectivement qu'il ne se rende pas compte du bonheur qui l'entoure, de toutes ces joies simples auxquelles il devrait normalement participer, plus encore, qui pourrait le faire tripper! Et cela quel qu'en soit les raisons, stress, mal être face à son propre vécu, trop de boulot, pas assez de capacité face à la réalité de l'engagement,difficulté à travailler sur soi, dépression...
Je me sens un peu comme Cryzal, touchée mais réticente, sans doute parce que j'ai vécu des choses semblables avec mon premier conjoint (alcoolique). Je trouve aussi qu'il faut que tu protèges et cultive un bonheur fait de positif et de moments de joies au quotidien (trop cute le gâteau rigolo, les chandelles soufflées et encore soufflées...) si important pour ton fils et toi (pour ton amoureux aussi s'il peut s'en rendre compte...)
Ça veut pas dire tout casser, mais sans doute essayer vraiment fort de changer des choses, parce que toi, tu pourras pas toujours assumer, colmater, réprimer tes déceptions, prendre tout sur tes épaules... Tes derniers billets sont si éloquents, si conscients... Si parler directement devient trop dur, trop source de conflits... tu pourrais peut être essayer de te servir de l'écriture pour dénouer les mottons avec ton homme... De toute façon je suis certaine que tu sauras avancer là dedans, je te souhaite très fort de continuer à le faire avec l'homme que tu aimes!
T'es belle, t'es fine, t'es bonne, t'es capable ;-)
Je t'envoie des énergies positives!

France

Caro D a dit…

@ Cryzal : une dépression, oui. Il a perdu de vue la chance qu'il a, et je crois qu'il fallait la lui remettre devant les yeux.
Dans l'immédiat, il ne veut pas d'une aide professionnelle. Mais il a compris que si les choses ne s'arrangeaient pas rapidement, c'était ça, ou vivre sans moi.
Je l'aime, mais comme tu dis, il faut aussi que je pense un peu de temps en temps à moi.
Il est moins courageux que toi mon homme...!

@ France : waouw, ben après un message comme ça, si je ne me sens pas mieux, c'est que je ne sais pas lire !
Merci, ça fait du bien !
Je garde ton intervention dans mon cerveau, elle est si pleine de bon sens et de bons conseils...!
Et puis comme tu dis, je n'ai plus envie de toujours tout assumer. Je veux bien faire plein plein de choses, et même avec le sourire. Mais je ne veux plus qu'on m'enlève mon calme, ma joie et mon bonheur, encore moins pour des broutilles sans importance.
Je ne veux plus.
Et je compte bien faire ce qu'il faut pour que ça soit le cas.
MERCI !

Caro D a dit…

@ Speranza : j'ai pensé à toi hier soir, je lui ai demandé s'il trouvait que je le délaissais au profit de notre fils ou d'autres choses.
Il m'a dit que non, qu'au contraire, en voyant la vie de ses copains, il se rendait compte qu'il avait de la chance d'être avec moi.
Bon, ça vaut ce que ça vaut, mais ça fait quand même du bien de l'entendre....