mardi 2 novembre 2010

A.

Ce matin, je venais au bureau la tête pleine de ce que je voulais venir vous raconter, me disant que pour une fois, ce n'était ni des coups de gueule, ni du ras-le-bol, ni de la fatigue. Pour une fois vous n'auriez pas été mon exutoire, juste l'endroit où raconter de jolies choses.
Je me disais que j'oubliais de venir raconter les jolies choses.
Peut-être parce que les jolies choses, c'est tellement plus facile de les partager avec notre entourage.
Alors que les choses moins jolies, je n'arrive à les dire qu'ici.

Et puis je rentre dans mon bureau, je passe dans le bureau des secrétaires pour les saluer, et devant leur tête, je sors un idiot : " ben alors, c'est quoi ces têtes d'enterrement ?".
Et je vois les larmes dans les yeux de C., l'hésitation dans ceux de N.
Puis les mots "A. est décédée".

A., c'est l'épouse bien aimée de mon adjoint JM.
Mon adjoint de bientôt 60 ans, son épouse d'un peu plus de 50.
Un couple comme on n'en voit pas assez : rencontre en 1976, et n'ont cessé de s'aimer dpeuis.
Ils se regardaient encore avec tellement d'amour, de tendresse, de complicité.
Ils riaient. Se soutenaient dans les épreuves, comme la perte de leurs parents, récemment.
Ils étaient beaux à voir.

Cet été, en revenant de vacances, je fais un peu le tour de tout le monde pour savoir comment ils vont.
Comme j'étais partie en vacances quand JM. avait entamé les siennes, je lui ai demandé si c'était bien.
Il me propose d'en reparler plus tard.
Puis quelques temps plus tard, il vient dans mon bureau, et m'explique qu'ils ont dû annuler leurs vacances, parce qu'ils ont découvert que sa femme avait un cancer, déjà largement avancé, qu'elle a déjà commencé les chimios, radiothérapies, etc.
Il n'allait bien sûr pas bien mon JM. en m'annonçant ça.
Et puis le temps suivait son cours, les bonnes nouvelles redonnaient un peu d'espoir.
Puis un virus il y a deux semaines, qui attaque le faible corps de A. de plein fouet.

Quelques longues journées d'hôpital, puis le retour à la maison. Il n'y a pas une semaine.
Mais voilà, dimanche, elle est partie.

Partie.
Mon Dieu, JM......
Je ne sais même pas quels mots te dire. Juste que tu saches qu'on est là, toujours.

2 commentaires:

cryzal a dit…

ouf...que la vie est dur....mes pensées vont à cet homme ......

Anonyme a dit…

Boudiou, ça fait froid dans le dos... ta retenue, tes mots, ta tendresse envers eux... elle peut emporter si vite, cette fichue maladie...
je t'embrasse Caro...