mercredi 26 janvier 2011

Gestion des ressources humaines

Ou gestion humaine des ressources.
Ou plus rien du tout.
J'ai toujours dit que je n'étais pas faite pour la gestion des ressources humaines.
Alors me retrouver dans une collectivité qui n'a pas de DRH et devoir en assumer de facto le rôle en tant que DG, je n'étais pas bien sûre que ça m'irait.
Ce n'était rien de le penser.
Je ne suis juste pas capable.

Et puis je n'ai pas la moindre envie d'en être capable.

On m'a toujours dit que j'étais trop empathique. Clairement, ça me joue bien des tours.
Attention, ne pas mélanger trop empathique et trop gentille.
Parce que quand j'ai l'impression d'avoir été roulée, trompée, que je pense qu'on m'a menti, qu'on a abusé, etc, alors on découvre que non, trop empathique ne signifie pas trop gentille.

Mais bref.

Le truc du jour, c'est que j'ai mal à mon personnel.
J'ai déjà parlé il y a trop peu de temps de mon adjoint qui a perdu son épouse.
Ce matin, c'est un autre de mes cadres à qui je demande s'il a eu les résultats de ses examens qui fond en larmes dans mon bureau, parce qu'il a appris qu'il a une maladie du sang. Chronique, incurable et susceptible d'évoluer en leucémie.

Alors moi, je pleure avec lui.
Je ne sais pas faire autrement.
J'ai de la peine, j'ai mal, j'ai peur, alors je pleure. C'est tout et c'est comme ça.
Je lui ai serré la main bien fort, je lui ai dit que s'il avait besoin de temps, que s'il avait quoique ce soit, qu'il ne se pose pas de questions pour nous, que c'est sa santé et sa famille avant tout le reste.
Mais une fois que j'ai dit ça, je fais quoi ?
Je le regarde traverser nos longs couloirs pour retourner dans son bureau, les épaules basses, et j'essaye de me recomposer un visage avenant.
Parce que bien sûr les autres ne savent pas.
Je le comprends. Mais voilà, c'est lourd.
Je ne vais pas me plaindre, ce n'est pas moi qui suis malade.
Mais bon sang que j'ai de la peine.
Et puis ça nous remet tellement face à nous-même, notre fragilité et la vanité de tant de choses.

J'ai juste envie de rentrer chez moi, de faire l'autruche, et de serrer mon fils bien fort dans mes bras.

Je pense aussi tellement fort à un petit Benjamin qui s'est envolé il y a bientôt deux ans.
Mon coeur se serre.

Tout me semble si dangereux.
Je crois que j'ai une peur panique de tout ce qui pourrait arriver à mon amour de petit garçon.
Je repousse ces pensées comme je peux. Mais il est des instants où ça s'impose, sans qu'on puisse y changer quoique ce soit.

Je voudrais juste qu'on soit tous heureux.
Je suis tellement, tellement, tellement naïve.
Et tellement triste.

3 commentaires:

vegekat a dit…

Pauvre petite ... C'est vrai que c'est difficile de ne pas vivre les émotions des autres et ce n'est pas de ta faute de ne pas y arriver. Je suis DRH et j'ai cette chance de pouvoir écouter les gens, comprendre leur peine et être sincèrement désolée pour eux, mais en arrivant tout de même à garder une certaine distance.

Cependant, si on me demandait de faire un travail d'intervenante pour des femmes ou enfants violenter , je n'y arriverais tout simplement pas, je ne peux pas comprendre que des gens y arrivent sans avoir envie de tuer !!

Alors je comprends bien ton sentiment d'impuissance et toute l'inquiétude que ça t'apporte. Par contre si ça peut t'aider, dans les faits tu ne changes peut-être rien aux problèmes des gens qui se confient, par contre, ton écoute est souvent très précieuse et juste par cette écoute et ta capacité à comprendre ce que ces gens vivent, tu les aide beaucoup tu sais ...

Anonyme a dit…

Je suis sûre que les mains que tu as prises et que les larmes que tu as versées,qui sont empathie et amour, essentiels dans ce monde individualiste où la maladie et la souffrance sont si peu BCBG, ont été souffle d'espoir et de réconfort. Dur dur parfois, j'en suis persuadée... pour l'âme et le cœur, pour l'angoisse face à la fragilité humaine. Mais c'est ce qui fait de toi une humaine, belle et à part entière et qui peut se regarder dans le miroir en disant: je fais de mon mieux... Dans la perspective où on récolte souvent ce qu'on sème, j'imagine, chère Caro, que l'amour n'a pas fini de te coller aux fesses...

amitié

France

Caro D a dit…

@ Vegekat : J'espère que ça l'aide, ne serait-ce qu'un peu. Et qu'il a compris que c'est de la compassion. Pas qu'il n'ose plus venir m'en parler...

@ France : à ton tour de me mettre du baume au coeur.... Merci, merci, merci !
Tes mots me vont droit au coeur. Je les y garde précieusement pour les moments plus difficiles :-)