jeudi 24 juillet 2008

Aaaarrrgggg !

Bon, ben je vais encore parler de ma mère. Tant pis si c'est lassant, moi, ça me fait du bien de l'écrire, enfin j'espère surtout y penser moins après.
Donc hier soir, comme chaque soir, j'appelle ma chère petite maman, on parle (elle parle) de tout et de rien, me raconte la visite d'une dame du Conseil Général à ma mamie pour voir si elle est susceptible d'être éligible à l'allocation personnalisée d'autonomie, et me dit que ça serait bien qu'il y ait quelqu'un qui puisse venir de temps en temps, en plus de la femme de ménage, pendant une semaine, pour que mes parents puissent s'absenter un peu et aller respirer loin de la maison.
Ben ça, oui, je suis bien d'accord. Bon, ça fait 2 ans que je lui dis que certaines maisons de retraite proposent d'accueillir temporairement les personnes âgées dépendantes pour soulager les familles, mais ça ne lui convient pas, parce qu'il faut prévenir 2 mois à l'avance. Elle préfère donc se plaindre plutôt que de reconnaître qu'elle sait toujours longtemps à l'avance ce qu'elle veut faire.
Par exemple, tous les ans, elle veut aller au Festival de Cannes, tous les ans, elle veut aller au salon de l'agriculture, tous les ans, elle veut aller en Bretagne voir mon frère, et savez-vous, au moins pour le festival de Cannes et le salon de l'agriculture, les dates sont connues au moins un an à l'avance, mais non, ça ne lui va pas, elle ne veut pas prévoir (...).
Bref. Elle me parle donc de la chambre qu'elle remet en ordre pour pouvoir accueillir chez mamie une personne ou un couple, le temps qu'ils partent en vacances, j'acquiesce gentiment à un rythme savamment étudié pour qu'elle se sente soutenue, et elle dit, au détour d'une phrase : "parce que ta grand-mère n'a jamais tenu un aspirateur dans sa main de toute sa vie, d'ailleurs, je ne sais pas si elle sait à quoi ça ressemble". Alors juste au passage, je précise que ma mamie n'a jamais travaillé, et que donc elle a passé sa vie à faire à manger et faire le ménage. Autant vous dire que même si elle est loin d'être une parfaite petite femme d'intérieur, ben elle sait à quoi ressemble un aspi.
Le hic, c'est que quand Maman a terminé sa phrase, j'ai rigolé en disant "bon, en même temps, à 88 ans, on ne lui demande plus de faire le ménage, hein !".
Ma mère "oui, enfin, elle ne l'a jamais fait de sa vie" avec un air pincé
Moi : "ben c'est clair que ça fait un moment qu'elle ne fait plus rien, mais dans le temps, elle l'aimait bien son vieil aspi bleu gris !"

ERREUR MONUMENTALE !

Ma mère : "c'est pas possible, pourquoi faut-il toujours que tu sois si violente et méchante avec moi ? (si vous voyez le rapport avec ce qu'on vient de se dire au dessus, faut m'expliquer...) Tous les soirs, tu m'appelles, et on dirait que tu cherches à me noyer. Chaque fois que je raccroche, je n'ai plus qu'une envie, c'est disparaître."'
Moi, toujours incroyablement calme : "oh ben maman, je ne sais pas pourquoi tu dis ça, je ne veux pas qu'on se fâche, je ne pense pas être méchante, et encore moins violente, alors je vais juste raccrocher avant qu'on ne se dise des horreurs, et on se rapellera demain".
Sur ce, j'ai raccroché, en l'entendant débiner que je suis la pire personne de la terre, comment elle a pu enfanter d'une horreur pareille... CLIC.

Si j'étais cohérente, je ne l'appellerais pas ce soir.
Parce que bien sûr, après avoir entendu ça, même si après coup, je me raisonne et je me dis qu'elle est juste malade, ben sur le moment, j'ai la tremblote, les larmes aux yeux, et je me dis que ce n'est pas bon pour moi !
Mais je vais l'appeler ce soir, et peut-être que ça sera mon père qui répondra, et qui me soufflera à demi-mot que c'est de nouveau le calvaire à la maison.
Mais je vais essayer de ne pas culpabiliser. Ouais, suis pas sûre d'y arriver, mais vouloir essayer, c'est déjà un premier pas, non ?

D'un côté, je me dis que ce n'est vraiment pas grave, que je suis bête de me mettre dans des états pareils.
Mais ce qui m'énerve tellement, c'est de me dire que dans deux semaines, je vais être devant eux, je vais leur dire que je suis enceinte, et que non seulement ça risque de se passer aussi mal que quand mon frère a annoncé les deux grossesses de sa femme, mais en plus, après, ça va être un calvaire... Parce que soit elle trouvera que j'ai une voix fatiguée, et alors elle m'engueulera que je ferais mieux de me reposer, soit je lui dirai que je suis rentrée tôt du boulot, et alors elle me dira que je ne vaux pas mieux que les autres finalement, que j'en fous pas une, que je ferais mieux de me concentrer sur ma carrière plutôt que de pleurnicher.
Et alors soit il faudra que je me taise et que je laisse passer tout ça, mais j'ai de gros doutes sur ma capacité à supporter ça longtemps, soit il faudra de nouveau un clash, et alors je m'en voudrais de l'impact que ça aura sur mon père et ma grand mère.
Toujours la même chose, le vieux même serpent qui se mord la même vieille queue.

Ma chère amie C** a perdu sa maman à 25 ans. Maintenant qu'elle est à son tour maman, parfois, elle a le coeur en berne de se dire qu'elle n'a plus d'endroit où aller se "réfugier", plus personne auprès de qui se plaindre quand elle est malade, tout ça.
Ben moi je l'envie surtout d'avoir eu ça, un jour.
Parce que moi, quand je suis malade, ben maintenant que je ne suis plus chez ma mère, je fais ce que je peux pour le lui cacher. J'ai été hospitalisée sans qu'elle le sache, parce que chaque soir, malgré l'état déplorable dans lequel j'étais, je m'entraînais à avoir une voix normale, et je l'appelais. Ca me bouffait toutes mes forces, mais au moins elle n'en rajoutait pas.
Mais quand j'étais à la maison, être malade, c'était être faible. Et être faible, c'était méprisable.

J'ai la malchance d'être migraineuse. Et quand j'étais petite, je faisais des crises terribles. Je savais que ça allait commencer quand ma vue se voilait, et alors l'engrenage infernal : maux de tête qui m'amenaient littéralement à me taper la tête contre les murs, vomissements, engourdissement des membres, perte de la parole, perte de connaissance, délire, etc, pendant environ 10h. Après ces 10h, seul restait le mal de tête, et l'envie d'être morte pour que ça ne revienne jamais.
Mais je continue de croire que si j'avais pu trouver un peu de réconfort dans ces moments-là, peut-être qu'a défaut de s'espacer, les crises auraient peut-être eu un autre retentissement psychologique. Parce que ma mère, quand elle était appelée par l'école, ou quand elle rentrait dans ma chambre et me voyait en proie à une crise, ben elle me secouait, me disait d'arrêter mes simagrées, de me lever, de manger, et d'arrêter de gémir. Sauf que ceux et celles qui ont enduré ça savent très bien que dans ce genre d'état, le moindre bruit, la moindre odeur, la moindre lumière ne fait que renforcer tous les symptomes. Mais ma mère ouvrait les volets, passait avec son parfum si fort, me mettait sous le nez des assiettes pleines de nourriture dont l'odeur suffisait à déclencher de nouveaux vomissements. Et elle criait. Parce qu'elle ne sait pas parler. Elle criait qu'elle n'avait vraiment pas de chance d'avoir une fille pareille, qui faisiat des histoires pour un pauvre mal de tête.
Pourtant, ce n'est pas comme si elle n'entendait pas les médecins... Elle savait que quand ça commençait, il me fallait une piqûre. Mais ces piqûres qui avaient au moins le mérite de raccourcir un peu la durée de mes crises, ben je n'ai commencé à les avoir que quand j'ai percuté que dès que mes yeux se voilaient, il me fallait courir chez un médecin. Avant que ma mère n'entre en scène.
Parce que sinon, comme ce n'étaient que des histoires, ben pas la peine de faire venir un médecin à la maison.

Enfin je m'égare.
Mes migraines se sont bien espacées depuis que je vis seule. Faut dire que je me soigne. Ca aide.
Mais si vous saviez ce que j'espère que personne - et surtout pas mes enfants ! - ne se dise un jour en pensant à moi "Mon Dieu, je la déteste".

17 commentaires:

Anonyme a dit…

On passe presque au même moment chez l'autre, parlant de maman! Allez, faut prendre le jour là, celui-ci, maintenant, le bonheur tout plein ce ventre! xxx

Caro D a dit…

Voui, allez, je me concentre là-dessus :-)))

Anonyme a dit…

Ma pauvre, c'est vraiment dur d'avoir une mère comme ça! Moi en ce moment je passe mes nuits à rêver que je me dispute avec ma famille, et quand j'ai raconté ça à mon chéri, il m'a corrigée en disant "avec ton ex-famille, ta famille maintenant c'est moi et le bébé". Ça m'a fait chaud au coeur!
Toi aussi, maintenant que tu es enceinte, concentre-toi sur le futur! :)
Speranza

Anonyme a dit…

Tu l' as dit toi même, ta mère ne veut pas anticiper, elle préfère être en controle et ne pas avoir à s' en faire avec les réservations de toute sorte... Pourquoi t' attendrais pas que la fatigue se dissipe avant de lui causer de tout ca... Ca lui en fera moins long à te démollir le moral.

Prends soi de toi la belle! xx :)

Anonyme a dit…

Je ne sais pas de quoi souffre ta mère, mais la mienne sans être malade m'a fait vivre exactement la même chose. Le seul moyen pour moi de me construire est de couper les ponts quelques mois par ans.

Une fois que tu aura accouché, il faudra t'attendre à ce que tu ne la supporte plus du tout. C'est tout à fait normal même avec une mêre "normale", alors avec des mêre comme les notres c'est décuplé. A ce moment la il ne faudra surtout pas culpabiliser. Tu n'y est pour rien.

Pour l'instant concentre toi sur ton petit bout qui grandi en toi, et respire, ça calme.

Bon courage pour la suite.

La Suissesse

Caro D a dit…

@ Speranza : aaah, comme il a raison ton chéri !

@ Mandoline : ouais,dans le fond tu as raison, mais c'est pas souvent qu'on va chez eux, alors si on y va en août, il se passera des mois avant qu'on y retourne, et je voudrais leur dire en direct... Au moins pour ma mamie...

@ la Suissesse : merci pour ta visite ! Quand je dis malade, je dis ça parce que je ne pense pas qu'on puisse être saine de corps et d'esprit et être aussi dérangée... Je n'ose pas couper les ponts parce que derrière tout ça il y a aussi mon père et ma grand-mère qui ne méritent pas, eux, d'être laissés en chemin. Mais comme tu dis, je risque d'être de moins en moins patiente... Peut-être que ça sera salavateur ?
En attendant, je vais respirer ;)

Merci !

Anonyme a dit…

Chère Caro,
Puisque personne ne te l'as dit, je le ferai moi-même, quitte à te déplaire...
"Maman, est-ce que j'ai quelque chose à moi qui ne soit pas à vous?" (Émile Zola, L'Argent.)
Amitiés

Anonyme a dit…

je suis rentrée de ce soir... je viens te lire, tu penses bien!!!... je suis pétrifiée car tu décris une relation mère-fille si effroyable... ça me fait mal pour toi, tu peux pas savoir...
J'ai plein de choses à te dire...
je vais revenir...
Prends-soin du petit bout qui pousse dans ton ventre, et de toi!!!
Gros bisous!

Caro D a dit…

@ Armand : ça doit être les brumes du samedi soir ou alors peut-être que c'est vrai finalement que quand on est enceinte, on perd l'usage de ses neurones, mais je vais avoir besoin que tu m'expliques :-)
Parce que là, je ne saisis même pas pourquoi ça devrait me déplaire ;-)

@ Véro : bah, il ne faut pas être pétrifiée, surtout pas toi, mais bon, tu sais bien, sur le coup, ça fout dans un état pas très cool, mais ça passe, et on s'endurcit.
Je m'énerve juste de ne pas pouvoir me réjouir, à mon âge, d'annoncer ma grossesse à mes parents... M'enfin ça passera, ça aussi.
Et puis je serai peut-être surprise, on ne sait jamais :-)

Anonyme a dit…

Eh ben Caro, ta mère et ma mère, définitivement.... ;)

Compassion. De moi à toi. Y a rien d'autre à faire. Souris et prends soin de toi et ta petite crevette !

Caro D a dit…

Ah ben je compatis aussi alors, de tout mon coeur :-)))
Merci ! Et puis je souris de bon coeur, quand même :-)

Mona a dit…

Toujours aussi touchant de te lire.
Je comprends...
et je te souhaite une belle grossesse, protèges-toi, protégez-vous :)

Caro D a dit…

Ah ben te voilà revenue toi ?
Ton Zaz a fait du bon boulot ;-)
Merci du passage ! Et oui, je vais nous protéger du mieux que je peux. En pensant à mon nouveau petit noyau familial choisi :-)

Anonyme a dit…

Bonjour!

Je passe chez toi un peu par hasard, au gré d'un blog interposé...

Wooo... Si j'ai reconnu par bribes ma relation, parfois étouffante, avec ma propre mère, je me trouve soudainement fort chanceuse de n'avoir eu la tienne...

Que te dire, si ce n'est ce que tu sais déjà. Cette relation est mauvaise pour toi! Mais pourquoi continues-tu donc à l'appeler si souvent?

Je te dirais chère nouvelle maman: 1-A, n'appelle pas ta mère plus qu'une fois par semaine et encore, personnellement ça serait plus rare que ça!

Maintenant tu es responsable de ce petit être qui grandit en toi, et tu dois au minimum chercher à lui offrir un monde qui ne bouillonne pas de culpabilité et de sentiments manipulés. Si tu n'es pas capable de transformer ce lien mère-fille pour toi (ce qui est souvent le lot des femmes aimantes) fait le pour ton bébé!

Lui annoncer ta grossesse en personne? Pourquoi? Tu sais qu'elle va te faire «chier» et culpabiliser!
Moi j'ai fait livrer, à chacunes de mes grossesses, des fleurs à ma mère avec un mot qui lui annoncait la joie que je ressentais à la venue de son futur petit-enfant et mon nouvel amour (j'en ai eu six)! Je trouve que la lettre qui déballe tout est bien aussi...Pourquoi affronter en personne quelqu'un, soit-elle notre propre mère, qui a tant de talent à démolir le positif de la vie?

La vie est courte en fait chère Bourdonneuse, bien trop courte pour vivre dans les mauvaises émotions et la manipulation psychologique.

Quand on a des enfants on remet en perspective la relation avec notre mère. On admet ses faiblesses et ses difficultés humaines... Mais ces faiblesses, on a vraiment pas à les assumer et on a toutes les raisons de ne pas vouloir perpétuer le modèle donné par cette femme, qui a ses propres bibittes...

Prendre un recul fait du bien, faire du ménage dans notre vie est régulièrement nécessaire. La vie est mouvement, périodes et changements. Tu en entames une extraordinaire, où tu connaîtras des sentiments d'amour profonds et uniques...
Speranza a raison, ta famille c'est celle que tu crées maintenant, car si le passé a une place, c'est le présent qui a tous les droits sur le bonheur et la vie future.

C'Est difficile de couper des ponts, mais je te jure qu'à court et moyen terme ça en vaut grandement la peine!

Bonne grossesse, profite-en pour comprendre que tu es une personne qui mérite amour, harmonie et soins.

France

Caro D a dit…

Waouw, merci France pour ce long et super commentaire !

Je sais bien que vous avez tous raison, mais moi ce qui me retiens, c'est mon père et ma grand-mère. Parce que ce n'est pas juste de couper les ponts alors qu'eux n'ont rien fait pour mériter ça, si ce n'est partager la vie quotidienne de ma mère...
Et puis la dernière fois que j'ai vraiment affronté ma mère (cétait il y a quelques mois), ma grand-mère a dû être hospitalisée deux jours après tellement ma mère s'était vengée sur elle.
Alors j'ai beau me dire de ne pas culpabiliser...............

Enfin bref, je prends quand même tous vos messages dans mon coeur avec moi, et ça me permettra de vivre tout ça autrement dimanche, surtout si ça se passe mal.
Et mon chéri m'a déjà dit que s'il y a le moindre indice qui laisse penser que ça va tourner au vinaigre, il me remet dans la voiture, et... Arrivederci !

Merci beaucoup pour ton passage et pour ton message !

Miylen a dit…

Je manque de temps pour tout lire, mais je reviendrai!
Je voulais te dire que tu as reçu un prix ici ;) ===== http://centresurmonnombril.blogspot.com/


Prends soin de toi ok?? xxxx

Anonyme a dit…

Merci Caro d, de ton acceuil et de ta gentille réponse!

Je comprends bien sûr qu'il est bien plus facile d'apporter des points de vues et des solutions lorsqu'on est hors contexte... Et qu'une telle situation demande en fait souplesse et doigté, puisqu'il y a des personnes chères à épargner.
Par contre une chose est sûre: couper des ponts ne veut pas dire couper tous les ponts, mais transformer certaines voies d'accès pour qu'elles deviennent viables et acceptables pour toi et pour le monde que tu créés... Tu es la meilleure juge de ce qui est bon pour toi.

Avoir un enfant fera naturellement de toi quelqu'un de «différent», la vie qui est changement et bien faite, suivra...

J'espère que tes parents ont bien accueilli la belle nouvelle!

Félicitation à ton amoureux et à toi!

France