lundi 30 novembre 2009

Bon voyage...

Il est parti.
Mon comptable, mon collègue, MON AMI.
Son âme s'est libérée hier matin.
Ca n'a pas de sens.
Je savais que ça allait arriver, mais on a beau savoir, rien ne prépare à la mort d'un ami.
Bien sûr, il est libéré de ce corps qui l'a lâché.
Mais c'est allé tellement vite...
En septembre, il venait encore s'installer dans mon bureau pour me parler de tennis, de sa chère nature, des animaux qu'il avait pu voir le week-end, des courses qu'il avait courues, de sa fille qu'il avait déménagé une énième fois, de son fils dont les études en médecine ne coûtent pas rien, et qui est arrivé 3ème à un cross alors qu'il aurait dû être premier.
Ou alors il venait pester contre les factures qu'il avait dû payer alors qu'il estime que ce n'était pas nécessaire.
Il avait horreur de plein de choses mon C.
Il n'aimait pas le monde. Alors les dépenses de Noël, ce n'était pas son truc.
Les touristes ne viendraient pas nous embêter si on ne mettait pas de lumières, de maisonnettes de Noël qu'il me disait.
Combien de fois on s'est écharpés ? Mais combien de fois on est tombés d'accord...

Et en septembre, je ne saurais même pas dire quand je l'ai vu pour la dernière fois.
Les derniers mandatements qu'il a faits datent du 12 septembre.
Je pense que je ne l'ai plus vu ensuite.
On ne savait pas bien, juste que sa femme l'avait trouvé bizarre et emmené à l'hôpital.
Et maintenant il est mort, d'un cancer généralisé.
Non pas que la bête l'ait emporté particulièrement vite. Mais simplement qu'il menait une vie tellement saine que son corps a résisté bien longtemps avant de montrer les premiers signes extérieurs de ce qui était déjà bien ancré en lui.
Alors quand ça s'est vu, c'était trop tard.
Bien trop tard.

Depuis que je sais qu'il est malade, je ne vois plus la beauté du matin de la même façon.
C'est tellement beau, et il passait tellement de temps dans la forêt, dans les vignes, dans la montagne.
Lui qui ne vivait que pour cette beauté naturelle, qu'a t'il pensé pendant ces deux mois où il était bloqué à l'hôpital puis à la maison ?
Lui qui courait sans arrêt, comment a t'il vécu de se retrouver en fauteuil roulant en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire ?
Alors le matin, quand je suis époustouflée par la beauté de mes montagnes et de la vallée, j'ai le coeur qui se serre.
Bien sûr, c'est aussi un puissant message pour nous dire de profiter...
Mais je ne peux m'empêcher de penser à ce qu'il a pensé, ces derniers temps.
Je souhaite plus que jamais que l'âme de ceux qui nous quittent puisse nous voir encore par la suite, parce que je veux tellement qu'il sache comme je l'aimais, et comme ça me manquera tout ce temps passé à débattre avec lui.

Le pire de l'histoire, c'est que depuis son départ précipité, je ne l'ai plus vu, ni entendu.
J'ai essayé de l'appeler des dizaines de fois, mais je tombais directement sur son répondeur.
J'ai laissé des messages bien sûr, mais je ne sais pas si son épouse les lui a transmis.
Je ne lui en veux pas, je ne sais pas comment je pourrais gérer une telle épreuve.
Mais elle a fait le black-out total autour de C.
Les derniers temps, il y avait même une pancarte sur la porte disant "pas de coups de fil ni de visite".
Pourtant ceux qui y ont été avant, inopinément, ont tous été d'accord pour dire que leur visite lui avait un immense plaisir.
Et qu'il se demandait pourquoi si peu de monde prenait de ses nouvelles.
J'ai trop mal au coeur d'imaginer qu'il ait pu partir en se disant que nous n'avons pas tenté de lui parler.
J'ai trop mal au coeur de me dire qu'il ait pu croire que je n'ai plus pensé à lui depuis qu'il est parti.

L'atroce ironie du sort, c'est que j'ai dans mon sac les deux feuillets d'une lettre que je voulais lui déposer aujourd'hui, pour lui raconter notre petite vie, pour le faire un peu rire, et lui dire à quel point nous pensions à lui.
Et c'est en arrivant ce matin avec ma lettre dans mon sac que j'ai appris qu'il était parti.

Je voudrais tellement lui avoir donné ces quelques mots quelques jours plus tôt...
J'espère tellement que sa femme lui a donné nos messages vocaux, et notre carte.....

C., je pense tellement fort à toi, j'espère que tu as trouvé de nouvelles montagnes où courir, de nouvelles forêts pleines d'animaux à compter, de cerfs à écouter brâmer...
Je ne peux imaginer ta peine d'avoir dû quitter si tôt ta famille.
Je ne peux imaginer la peine de ta famille.

Plein de courage à vous tous.
De tout mon coeur.

2 commentaires:

Noisette Sociale a dit…

C'est tellement triste... J'en ai eu les larmes aux yeux. Ne pas pouvoir lui rendre visite, se demander s'il savait ou non... Aaaaarrrgh.

Mes plus sincères condoléances... et je te souhaite bon courage.

DEMIJOUR a dit…

Ce grand voyage que l'on craint tant arrive immanquablement un jour.

Le plus tard possible dirions-nous tous...

Mes sympathies pour ta peine.

Je crois que ceux qui partent ont le pouvoir de nous voir, de nous entendre et de trouver un bien-être et un réconfort par nos pensées.

xx