jeudi 12 juin 2008

L'orage

Hier après-midi, l'orage a grondé. Dans le ciel et dans ma tête.
Dans le ciel d'abord. Un énorme nuage noir est descendu de la montagne, et s'est crevé juste au dessus de notre petite ville. Rien sur les vignes juste au dessus, pas une goutte dans le village voisin, mais dans les rues sous les fenêtres de mon bureau, des coulées de boues descendant des vignes, et dévalant les rues pavées. Pourtant l'averse n'aura duré que quelques minutes.
Je ne parlerai pas du dégât des eaux au cabinet de mon amoureux, il est dû plus à la bêtise de ses voisins qu'à la météo...

L'autre orage, c'était dans ma tête.
Je n'étais pas à la fête hier. Je me sentais horriblement stressée. J'avais l'impression d'être secouée de tremblements intérieurs, je perdais patience pour rien, enfin bref, rien de bien agréable. J'ai joué à l'apprentie sorcière, ce n'était peut-être pas une bonne idée, mais depuis que cet idiot de doc m'a dit que les bêtabloquants diminuaient la fertilité, j'ai beau avoir eu des informations contraires depuis, je ne peux pas m'empêcher de penser que je devrais arrêter, ou au moins essayer.
Comme mon doc dit que c'est inutile, alors je me débrouille seule, avec plein de précautions quand même. Ca fait quelques mois que je diminue progressivement les dosages, et ça faisait deux semaines que c'était presque symbolique ce que je laissais dans la gélule.Et avant hier soir, en me couchant, je n'en ai pas pris. Visiblement, même à très faible dose, l'effet est quand même là. La question est de savoir combien de temps les effets du manque se font sentir ?
J'ai pris une toute petite dose ce matin pour essayer de passer une journée sans envie de meurtre ;-)
Mais bref, hier donc, pas une grande patience. Alors quand mon Président est venu, et que comme à son habitude depuis quelques temps, il ne savait rien faire d'autre que râler, discutailler pour des broutilles qui ne le concernent même pas, j'ai d'abord tenté de le ramener à la raison, et comme ça ne semblait pas le satisfaire, c'est mon orage intérieur qui s'est répandu à l'extérieur.
C'est que cet homme de pouvoir n'a pas l'habitude de se faire réprimander comme ça par une jeunette comme moi, avec sa voix de petite fille...
Mais rien ne pouvait m'arrêter. Je lui ai dit tout ce qui ne pouvait plus durer, que son amertume inexplicable ne pouvait plus se déverser en permanence sur moi, que ce n'était pas mon boulot que d'essuyer en permanence des critiques infondées, enfin je vous épargne les détails.

Ca s'est fini sans se finir puisqu'il fallait enchaîner sur un rendez-vous. Il m'a quand même souhaité une bonne soirée avec un sourire gêné... Suis pas bien sûre que le message soit passé. Ca doit être le genre à rentrer chez lui le soir et à se dire "quelle mouche l'a piquée aujourd'hui ?"...

On verra. Il n'est pas passé aujourd'hui.

Je suis rentrée à 20h, bien résolue à ne pas aller travailler avant 11h ce matin, heure de mon premier rendez-vous.

La soirée a été courte, parce qu'autant mon homme que moi, nous avions surtout hâte de dormir. Sauf que depuis quelques temps, mon homme se réveille quand le boulanger d'à côté fait des bruits, à partir de 4h le matin. Ca me réveillait au début de notre vie ici. Plus maintenant. Beaucoup plus rarement en tout cas. Mais lui, ben ça l'a réveillé une fois, pour la première fois, il y a quinze jours, et depuis, il y pense en se couchant, et donc dès qu'il entend un truc, ça l'agace, et il se sent obligé de me communiquer cet agacement.
En temps normal, ça passe. Sauf que là, me faire réveiller à 4h15, pour une fois que je dormais bien, ça m'a vraiment énervée, et ça a laissé libre cours à toutes ces choses auxquelles il vaudrait mieux ne pas penser la nuit, parce que tout semble toujours plus terrible que ça ne l'est vraiment.
Je me suis donc levée pleine de rage contre la terre entière, et j'ai regardé une émission animalière, puis des séries. Je ne suis quand même pas allée travailler avant 11h.

J'ai été dans mon jardin, j'ai pris mon temps, j'ai lu, j'ai regardé le temps passer, et Dieu que ça m'a fait du bien.
Au final, l'humeur est à nouveau au beau temps. Pas pour le boulot. Non. Mais pour le reste. Suis fatiguée, mais je suis drôlement bien chez moi, j'aime vraiment celui qui partage ma vie, et voilà.

Le reste... Ben faut clairement que je tienne le coup encore un moment.
Et puis, après, les choses changeront, d'une façon ou d'une autre. Mais on retombera sur nos pieds.
Il y a juste des moments où on a l'impression que les collines sont des montagnes.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Chère Caro,
Je crois que les bêta bloquants servent normalement à abaisser la tension artérielle.
Il existe plein d'autres médicaments pour cet usage.
Ton généraliste devrait pouvoir t'aider. Un bon généraliste prend en compte les désirs de ses patients tout autant que leurs besoins physiques.
Amitiés

Caro D a dit…

Bonjour Armand !
Dans mon cas, les bêta bloquants sont utilisés pour endiguer des crises de migraines. Ca ne semble rien comme ça, mais au moment de commencer à les prendre, ces migraines devenaient un réel handicap. De vraies grosses belles crises qui me faisaient délirer, perdre la vue, les sensations, le contrôle des muscles, de la parole, et tout ça de préférence les jours où j'avais des choses importantes dans ma vie, heureuses ou non, mais en fait, dès qu'une émotion un peu plus forte m'atteignait, ça déclenchait une crise.

Je partage ton avis sur ce que devrait faire un BON généraliste. Le mien ne veut pas "prendre de risque". Mais il n'est pas non plus très convaincant quand il dit qu'il "pense" que ça n'a pas d'interaction avec la fertilité.
Alors j'essaye, mais je reste raisonnable, quand même :-)