mercredi 28 mai 2008

Ah oui ? Et alors ?

Nous n'avons pas le moindre souci.
Physiquement il s'entend.

Je ne me plains pas. Non. Ca serait tout de même malvenu de se plaindre que tout va bien.
Encore quelques vérifications à faire vraisemblablement fin juin début juillet, et on saura que tout va bien.
N'empêche qu'en attendant, il semblerait bien qu'il y ait quand même quelque chose qui coince.
Moui... "Vous êtes stressée ?" Euh, ben comment dire... Par mon boulot, c'est certain, mais il me semble que je passe assez vite le cap dès que je quitte mon costume de scène. Par ma famille ? C'est encore plus certain, et ça, oui, c'est vrai que ça me poursuit un peu partout. "Vous savez, s'il y a des problèmes en suspens, ça peut aussi être à l'origine de problèmes là où physiquement il n'y aurait aucun obstacle".
AH OUI ? ET ALORS ???

Pas que je n'en sois pas consciente.
Et jusqu'ici, voilà en résumé ce que j'ai entendu (pardon pour les "essayeuses" qui me lisent et qui ont déjà lu et entendu ça tellement souvent...), et je précise que ça venait toujours de gynécos :
- n'y pensez plus, ça arrivera quand vous vous y attendez le moins,
- vous êtes trop stressée, détendez-vous et ça ira tout seul,
- vous êtes trop intelligente (si, si, je vous assure), c'est votre intelligence qui vous joue des tours,
- si vous étiez une paysanne au fin fond de la Roumanie, vous seriez déjà maman de 10 bambins (faut bien se nettoyer les oreilles avant d'aller à un rendez-vous parce que sinon, on n'est pas bien sûre d'avoir bien entendu ce qu'on a entendu);
- si vous savez ce que c'est qu'une phase lutéale, c'est que vous vous posez beaucoup trop de questions et c'est ça qui vous bloque,
-......................................................... y en a encore tellement à écrire, mais bon, vous voyez bien le genre.

Bref. Le chemin n'est pas long à faire pour conclure que si vraiment j'ai à faire face à un blocage psychologique, c'est que j'ai un gros (et c'est encore un euphémisme) problème avec ma mère.
D'autant que la seule amie à qui j'ai parlé de tout ça a fait le rapprochement bien avant les médecins, mais passons.
Toujours est-il que c'est là que commence la vraie haine qui sourde en moi.
Parce que je me dis que bordel, elle m'a déjà foutu en l'air mon enfance, mon adolescence, une certaine partie de ma vie d'adulte (oui, je sais, je ne suis pas vraiment adulte, mais bon, j'aurais l'âge de l'être...), et maintenant, c'est encore ça qu'elle me bousille ???
Et vous croyez que pour autant je vais mettre le hola et dire STOP, ce n'est plus possible ???
Mais si c'était si facile, si l'embrigadement psychologique ne durait pas depuis toujours, j'aurais déjà réussi à le faire !
Quand on réussit à démontrer à sa fille que le moindre mot négatif qu'elle prononcera à sa chère mère aura des conséquences sur sa grand-mère de 88 ans et sur son père (bon, mais lui, il peut encore se débrouiller seul, hein...) ? Parce que la dernière fois que j'ai haussé le ton pour essayer de lui donner ma vision des choses, c'est ma grand-mère qui s'est retrouvée hospitalisée. OK, il faut que je pense à mon bonheur. Mais on fait comment dans un cas pareil ???
On se dit juste que de toutes façons, si je n'étais pas là, elle aurait d'autres prétextes ? Oh que c'est facile à dire !!!

J'étais donc chez un psychiatre lundi, enfin une psychiatre. Je voulais seulement savoir ce qu'on peut faire pour soigner quelqu'un contre son gré.
Je savais déjà en y allant qu'elle ne me trouverait pas de solution miracle. Parce que tant que la personne en question est suffisamment dotée de jugeotte pour se montrer sous des dehors tout à fait sympathiques lorsqu'elle rencontre des médecins, on n'a pas de solution. Tant qu'on n'a pas de preuve IRREFUTABLE de sa dangerosité, on n'a aucun moyen.
Et c'est ce qu'elle m'a confirmé.
Une fois évacué cet aspect de la question, la brave dame m'a lancée sur MA relation avec ma mère (fallait pas sortir de polytechnique pour comprendre que c'était un souci...) puisque le rendez-vous était censé durer une demi-heure.
Pas la première fois que je vais chez un psy, évidemment. Jamais eu de résultat parce que je m'arrête en général au bout de 10 ou 15 séances.
Mais bref.
Cette jeune dame me demande de revenir, la semaine prochaine, et de réfléchir jusque là à ce qui a bien pu provoquer ou déclencher ce comportement de ma mère à mon égard. En gros, qu'ai-je fait pour mériter ça.
Mais je n'ai RIEN fait pour mériter ça !!! Ou alors peut-être qu'un jour, j'ai mal rangé ma chambre quand j'avais 2 ans ??? Ou je n'avais pas fait mon lit à 6 mois ? (ben même moi ça me fait rire, là, sur le coup !)
Ma mère, je lui ai demandé l'an passé si je pouvais voir une photo de moi quand j'étais bébé.
Sachant que mon père est un photographe amateur mitrailleur, qu'il y a des photos de mon frère bébé dans leur maison, ça ne semblait pas stupide comme question.
Et vous savez ce qu'elle m'a répondu ? "Oh ben je n'en ai plus, j'ai tout jeté, tu étais tellement moche que je ne voulais rien garder, comme ça, si les gens me demandait des photos, ben je n'en avais tout simplement pas." Hum. Pardon, j'avale ma salive, et je tente "euh, mais mon baptème ? Pas de photo non plus ?", "ah ben non, bon, et puis en plus, ton arrière grand-mère était morte juste avant, alors on avait autre chose à penser".
Vous devinez que sur le coup, j'ai dû faire un effort surhumain pour encaisser la nouvelle. Encore maintenant, rien que de l'écrire, ça me choque.
D'autant qu'elle a raconté ça en riant, sur un ton sympa (elle sait faire, si si), un peu comme pour dire que si je m'étais vue, j'aurais compris que c'était un service qu'elle m'a rendu en jetant tout ça.

Alors on en revient à ce que j'ai fait pour mériter ça. Ben voilà, ça doit être ça : j'étais un bébé moche.
Et donc comme j'ai été un bébé moche, je risque de donner naissance à des bébés moches. Donc oui, finalement, quelle bonté de m'épargner cet affront...

Je m'arrête, provisoirement, j'ai trop de boulot pour m'épancher davantage.
Si j'avais le temps, j'enchaînerais sur le fax du Président reçu ce matin, qui m'a donné des envies de meurtre (ou qui les a rendues encore plus fortes...).
Mais je n'ai pas le temps. alors on verra plus tard.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Chère Caro,
Ce que tu me dis me fait un peu penser aux trois tamis de Socrate... vrai, bon et utile.
C'est le tamis "utile" qui me pose problème.
Pourquoi raconter tes problèmes intimes au monde entier. Crois-tu qu'ils seront ainsi allégés?
N'est-ce pas ton mari, et lui seul, qui doit être ton confident?
N'oublie pas non plus la versatilité des gens (il y a de tout sur la bloggosphère) et ceux qui te plaignent aujourd'hui seront peut-être les premiers à se moquer de toi quand tu auras cessé de leur plaire.
Amitiés
P.S. Je ne dis jamais rien de personnel à mon sujet.

Caro D a dit…

Cher Armand,
Je m'attendais à ce genre de commentaire de ta part ;-).
Mon mari, lui seul, ne peut pas être mon confident. Parce que ça le dépasse un peu, et que si je passe le peu de temps qui nous reste le soir ensemble à rabacher mes problèmes, je ne suis pas bien sûre que ça fasse avancer les choses.
La versatilité de la blogosphère, ben si jamais ça me fait du mal, je saurai qu'il est temps d'arrêter.
Quant à croire que mes problèmes seront allégés, non, je sais bien, mais parfois, juste de raconter, ça calme.
Quant à dire que je raconte mes problèmes au monde entier, ben le monde entier ne sachant pas qui je suis...
Bref, dans le fond, tu as raison, ce n'est peut-être pas utile. Mais y a des jours où je me fiche bien de savoir si c'est utile. J'essaye.
Amitiés aussi :-)

Anonyme a dit…

Bon, je vais te raconter mon expérience, ça peut peut-être t'aider à comprendre ce qu'entendait la psy.
Ma grande soeur est handicapée physique. Ma mère s'est toujours tenue responsable de ce handicap, et donc quand elle était enceinte de moi (et même après la naissance) elle avait très peur que j'ai des problèmes aussi. Je n'avais pas de problèmes... sauf que ma mère avait tellement culpabilisé pour ma soeur qu'elle n'a pas accepté que je sois normale, elle a été incapable de m'aimer. C'est (encore!) un problème entre ma mère et moi, et même si je n'en suis pas responsable, c'est ma naissance qui a provoqué ce problème. Si j'avais été quelqu'un d'autre, ça aurait été pareil, le fait était que ma mère n'était pas prête à accepter un nouvel enfant.
Donc c'est bien quelque chose que j'ai fait (être née) qui est responsable de ma relation avec ma mère, même si ce n'est pas de ma faute. Et j'étais certainement digne d'être aimée, comme toi tu n'étais sûrement pas si moche que ça ;) (tiens, ça me rappelle que ma mère me racontait que je faisais peur aux infirmières tellement j'étais moche!)
Je ne sais pas si je suis très claire, là, mais moi ça m'a beaucoup aidée de comprendre ça.

Pour armand: moi ça fait presque trois ans que je blogue, j'ai raconté mes joies et mes peines et j'ai même échangé des e-mails et rencontré des blogueurs, eh bien je n'ai JAMAIS eu de mauvaises surprises! Jamais personne ne s'est moqué de moi ou n'a sous-estimé mes problèmes quand je me plains. Au contraire, si je n'écris pas pendant un moment je reçois des e-mails de lecteurs qui me demandent si je vais bien!!! :)
Bon, en voilà un long commentaire, Caro! Si tu veux on peut continuer cet échange par e-mail! ;)
Speranza

Caro D a dit…

@ Speranza : je crois qu'Armand a eu des expériences bien moins positives sur la blogosphère, et comme on dit, "chat échaudé craint l'eau froide" ! Si ça m'arrivait, je crois aussi que ça me refroidirait très vite...

Pour le reste, tiens, encore un point commun ;-)))
On en reparlera par mail effectivement, dès que je pataugerai un peu moins au boulot ;-)))
Merci en tout cas !

Anonyme a dit…

Oh mon dieu... l'histoire des photos.

Juste ça, c'est tellement blessant.

Je sais pas quoi te dire...

Moi aussi j'ai une mère inconsciente. Dans le genre qu'elle m'a déjà dit (devant mon chum, en plus!) que j'étais chanceuse d'avoir un chum parce qu'avec le poids que j'avais pris, c'est clair que personne d'autre ne voudrait de moi. Puis elle y revient souvent.

Misère... les mères ;)

Kiwi a dit…

Ah ben voilà! Je crois que tu viens de trouver la cause de l'infertilité: moi aussi, j'étais un bébé moche et ma maman me l'a souvent répété. Coïncidence? ;)

Y penser ou pas n'a rien à voir, crois-moi. Il y a des milliers d'étapes qui doivent être traversées avec succès avant d'en arriver à une grossesse. Le psychosomatique est bien loin dans la liste.

Caro D a dit…

@ Noisette : bienvenue chez moi :-)
Charmante aussi ta maman je vois ! Devant ton chum en plus...
Grrrrrrr ! Misère, comme tu dis...

@ Kiwi : ben tu m'a fait bien rire ! Ca y est, on a enfin trouvé une explication à ces fichues infertilités inexpliquées ;-))))))

Et merci pour la deuxième partie du commentaire. Tu te doutes comme ça fait du bien de lire ça. Pas que je me réjouisse d'avoir à traverser des milliers d'étapes, mais j'aime ça arrêter d'entendre que c'est la faute de ma caboche...

Anonyme a dit…

C'est très émouvant Caro.. j'ai beaucoup de choses à dire mais rien ne sort... autant sur mon père, je sais quoi dire, je m'y autorise... autant sur ma mère, je me l'interdis...
Tu as sans doute la "clé" de tout ici...
Je ne sais pas...
C'est très touchant...
Je te fais de gros bisous...

Maylika a dit…

Carooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo! Je t'aime! LOL

Ton billet, j'aurais tellement pu l'écrire moi-même! Bon, à part le fait que tu te retiens de dire quoi que ce soit à ta mère... Moi, ça fait longtemps que je suis passée à l'étape "va-te-faire-foutre-vieille-folle" et je ne suis toujours pas enceinte. Je suis tout de même convaincue que d'une certaine manière c'est ma relation pourrie avec elle qui rend mes ovules timides.

De mon côté, j'ai rencontré un psychiatre avec mes parents et il a carrément offert à ma mère de rester "discuter" avec elle après... Évidemment, elle a refusé. Le seul commentaire du psy après la rencontre a été "je te comprends tellement". Ça fait du bien de voir que nos réactions sont "normales".

Pour ce qui est des commentaires d'Armand... Je ne peux pas être plus en désaccord et je me retiens de répondre assez vertement. Un blog est un lieu d'expression personnelle et je t'encourage à le continuer sous cette même forme. Être une source d'inspiration, de motivation et un baume sur le coeur pour d'autres infertiles sont, selon moi, des preuves plus que suffisantes de ton "utilité". On ne peut pas en dire autant des commentaires mesquins.

Caro D a dit…

Ooooh, ben voilà un message qui fait plaisir, qui fait du bien, et qui me met un p.... de sourire jusqu'au fond de mon ceur !!!Merci mille fois !!!!
Ouais, ben de toutes façons, là, ce blog, il est clairement utile, parce que je me déculpabilise :-))
Oui, je sais, je m'emballe, mais tu vois, là, je me dis qu'à part me faire porter encore un peu plus lourdement le poids de ce qui ne fonctionne pas pour être enceinte, tout ce que j'entends depuis quelques temps ne sert pas à grand chose. Et ce n'est pas en me faisant culpabiliser que ça va résoudre les problèmes !!!

Oh, merci, merci, merci !!!
Ma mère aussi a décliné l'offre de "discussion" des psys qu'elle a rencontrés. Elle n'a pas le moindre problème, alors quel intérêt ;-)))
Enfin toujours est-il que ton message fait bien plus que bien des visites chez un psy. Et ajouté aux autres messages, sur ce billet, ou ailleurs, au final, j'ai juste envie de dire que ce soir, je vais bien !

Merci vous toutes !!!! (ah oui, je me répète ? Mais non, c'est juste que je dis ce que je pense !)