mardi 22 avril 2008

Les larmes de Laure...et les miennes

Toute notre PQR titrait ce matin sur les larmes de notre championne... Et trouvez moi cruche si ça vous chante, mais moi, ces larmes me font de la peine.

Oui, oui, ces larmes sont un caprice d'enfant gâté par les victoires. Je sais bien. Et puis c'est son métier, je sais aussi...

Mais imaginez vous cinq secondes ce qu'on ressent quand on plaque son entraîneur à la face du monde entier pour suivre son amoureux, que cet entraîneur dit à qui veut l'entendre qu'il trouvera quelqu'un pour battre cette vilaine, et que quelques mois plus tard, la brave amoureuse (qui a changé de roi de coeur entretemps, certes...) se fait battre par la nouvelle protégée dudit entraîneur...

Je crois que je crèverais de rage... C'était LA course à ne pas perdre, et c'est la première qu'elle perd en quatre ans... Je n'arrive même pas à imaginer ce qu'elle ressent...

Aussi ridicule que ça soit, ça me ramène dans mon passé de petite championne de natation scolaire.
Un jour, il y avait dans la même série que moi une fille qui avait embrassé mon petit copain du moment. Je n'ai jamais nagé aussi mal. Faut dire que je surveillais tellement sa ligne d'eau que j'en oubliais de respirer correctement. Et quand j'ai vu qu'elle était devant, j'ai abandonné.

J'avais beau savoir que ça me disqualifiait et que ça m'écartait de la sélection, j'ai abandonné.

J'ai prétexté un souci, je ne sais même plus quoi, et je suis sortie de l'eau en pleine course. Parce que je ne voulais pas qu'elle puisse dire qu'elle m'avait pris ma course en plus d'avoir embrassé mon petit copain.

Je devais avoir 10 ou 11 ans... Et c'était dans notre petit monde.
Et déjà là je ne voulais pas subir cet affront. Alors qu'aurais-je ressenti si j'avais dû essuyer une telle défaite à la face du monde ???
Moi je l'admire d'avoir été sur le podium, malgré tout.
Et je souhaite qu'elle puisse réagir au meilleur moment. Quand la médaille est la plus belle...

Voilà pour les larmes de Laure...

Les miennes maintenant. Bon, ben suis pas au top là.

Je suis sans aucun doute bien trop fatiguée parce que ces derniers jours au boulot ont été durs et longs. Et que ça a continué aujourd'hui.

Et puis y a toujours des idiots de collègues pour faire des bourdes inrattrapables. Alors avec tout ça, j'étais déjà un peu faiblarde ce matin...
Et quand le téléphone du bureau a sonné et que c'était ma mère, ben si j'avais su, j'aurais laissé sonner...
Tout avait bien commencé : elle m'appelait pour me dire qu'elle avait une idée, qu'il y a fin mai un truc organisé par le rotary de mon père, avec une marche, des trucs sur les orchidées, puis un repas dans un resto gastro, et elle proposait que mon homme et moi allions à ce truc avec eux. Invités par eux. Elle proposait même que nous allions dormir chez eux la veille pour ne pas avoir à se lever trop tôt le matin même.
Je précise que ma mère n'a jamais voulu que mon homme dorme là-bas jusqu'ici !

Bon, mais j'aurais dû me méfier, ça ne POUVAIT pas être aussi simple... Le resto gastro dans lequel ils veulent nous inviter, c'est un resto dans lequel ils servent surtout du foie gras. C'est leur spécialité. Ils le font sur place.
Je fais plein d'efforts, hein, je mange de la viande quand je vais chez quelqu'un et qu'on m'en sert (ouais, bon, je ne mange jamais TOUTE ma viande, mais j'en mange, pour avoir la paix).
Mais s'il y a une chose que je ne PEUX plus manger, ben c'est le foie gras. C'est psychologique, c'est tout, c'est comme ça, tout le monde le sait autour de moi, ma mère au premier chef.
Mais ma mère m'invite généreusement dans un resto dont c'est la spécialité.
Comme je veux toujours faire en sorte que tout se passe bien, je ne dis rien en me disant que je pourrai toujours choisir un truc qui me convient, et que tout ira bien.
Mais elle ajoute : "ça sera un menu identique pour tout le groupe, prévu à l'avance, alors ne viens pas faire ta chipoteuse, tu mangeras ce qu'il y aura dans ton assiette, point.". Ah ?
Bon, un jour normal, j'aurais peut-être eu la force de la fermer. Là, j'ai juste osé dire que si c'était du foie gras en entrée et en plat, ben je donnerai ma part à mon homme qui sera ravi.
Quelle idée j'ai eue...
Je n'ai même plus la force de raconter toute la tirade à laquelle j'ai eu droit après ça. En un résumé très bref : je suis impossibe, j'ai décidé de gâcher sa vie, je vais leur pourrir un week-end qui aurait pu la sortir un peu de sa triste réalité, elle est malheureuse et je fais tout pour l'enfoncer, enfin bref, je suis une horreur, qu'est-ce qu'elle a fait pour mériter ça, avec toutes les larmes qu'il faut pour accompagner ça et me faire bien ch... et tout ça pendant 17 mn (c'est bien les téléphones qui égrènent les longues minutes...), comme si je n'avais que ça à faire dans ma journée déjà trop remplie.
J'ai bien tenté de lui dire gentiment et calmement que si ça l'embêtait, ce n'était pas grave, qu'on viendrait une autre fois, mais ça ne sert à rien. Le seul moyen que j'ai de la satisfaire, c'est de bouffer trois tonnes de foie gras, pour qu'elle soit bien sûre qu'elle continue toujours de tout maîtriser. Même à distance. Même à mon âge.
J'ai fini par raccrocher. Pour ne pas m'en imposer davantage.

J'ai commencé ce message, j'étais encore au bureau.
Je suis maintenant à la maison, et je me sens presque bête de m'être mise à pleurer après ça.
Mais ça aura eu un avantage : j'ai décidé de prendre mon après-midi demain. Et je rentrerai donc chez moi, tant pis pour tout ce qui prendra encore plus de retard au boulot.

Du coup, je me réjouis déjà du petit programme que je me concocte pour demain.
Au final, je n'aime rien tant qu'être seule avec moi-même quand c'est une solitude choisie. Et quand je sais que mon amoureux ne tardera pas à me rejoindre.
Vivement demain !!!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Très joli ton billet, Caro... pour Laure Manaudou, je savais pas. je survole les infos en ce moment. D'habitude je regarde juste Itélé ou le 6mns le soir... mais là, pas le temps... je ne savais pas tu avais fait de la natation à un haut niveau. c'est chouette. Pas étonnant que cela doit te rappeler des souvenirs...

Pour ta maman, j'étais nouée pour toi. Ce contrôle sur ta vie. Ce chantage affectif. cette façon de se poser en victime face à tes choix (qui sont justifiés)... c'est pas simple de couper le cordon, de refuser la main mise maternelle et de se sentir déculpabilisée de vivre sa vie... non... pas simple...
je t'embrasse fort...
Alors cet aprem de repos, bien?

Caro D a dit…

Oh, j'ai fait plein plein de choses quand j'étais plus jeune, tu sais ! D'une part parce qu'il fallait être la meilleure, partout, tout le temps, mais aussi et surtout parce que ça permettait de ne pas être à la maison ;-)

Merci pour ton message... J'ai tellement l'habitude d'entendre que je n'ai qu'à ne plus répondre au téléphone, couper les ponts, et que ça mettra fin à tous mes soucis, que ça fait du bien de lire tes mots compréhensifs. Non, en effet, ce n'est pas facile. J'espère juste que j'arriverai un jour à être moins affectée. J'ai déjà fait beaucoup de progrès !

Pour mon après-midi de congé, ben j'avais été un peu optimiste... Mais bon, j'étais chez moi à 18h, ce qui est déjà pas mal incroyable ;)
Et j'ai refait ça aujourd'hui. Ca c'était cool !

Je t'embrasse aussi :-)